DXX21 – Développement artistique – COMPLÉMENT SUR LES ANIMAUX ANTHROPOIDES D’OUMMO

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Monsieur Jean-François Dupouy

En réponse à votre question du 3 janvier 2009, veuillez trouver, ci dessous, les informations transmises à votre intention par notre sœur NABGAA 112 fille de DORIO 34 au moment de son départ, voici plus de quatre années.

Je souhaite ici répondre partiellement à la question que vous avez formulée le 8 juillet 2003 sur la compilation des messages électroniques que vous échangez publiquement entre vous au sujet de notre civilisation d’OUMMO. Nous constatons avec un certain désarroi que nos textes sont, pour vous et vos frères, une source de spéculations qui se fondent parfois sur des détails anodins et souvent sur un manque de précision dans nos formulations.

Nous avons, par le passé, informé vos frères que votre développement artistique est exceptionnel, surtout dans le domaine de la musique. Vous devez comprendre par cette affirmation que nous n’avons pas rencontré, dans nos voyages, de civilisation avancée qui ait développé cet art jusqu’au niveau de perfection atteint par vos grands artistes classiques ou contemporains. De même, l’art pictural ou sculptural est plus abouti sur votre planète que sur OYAOUMMO. Ces affirmations ne signifient pas que des disciplines comme la musique, la sculpture ou la peinture sont inconnues sur OUMMO, bien que dans ce dernier domaine nous n’osons prétendre à une forme d’expression picturale que vous sauriez qualifier d’artistique. Notre musique est basée sur les sonorités cristallines et les percussions xylophoniques et non sur un enchaînement mélodique de fréquences acoustiques standardisées. Notre ouïe est accoutumée à ces sonorités que nous jugeons agréables et qui entraînent un accroissement de notre sérénité et une élévation de notre état émotionnel général. Notre architecture est difficilement comparable à la vôtre sur un plan esthétique car les constructions monumentales suivent des schémas totalement différents sur nos deux mondes. Nous bannissons en particulier toutes les formes angulaires de nos constructions en leur préférant systématiquement l’harmonie des courbes. Cependant, tout comme nous savons apprécier vos pyramides, châteaux, temples, mosquées ou cathédrales, vous apprécieriez sans doute nos bâtiments administratifs, religieux ou culturels, souvent enfouis dans le sol et n’offrant à la vue du visiteur extérieur qu’un ensemble vitré reflétant le ciel, entouré de buissons odorants et de massifs de fleurs. Notre art du paysage est très abouti et pratiqué par l’ensemble de notre population dès le plus jeune âge. L’art du parfum est chez nous aussi maîtrisé que la musique chez vous et nous n’avons trouvé aucune autre civilisation aussi experte en ce domaine. En un sens nous tirons, il est vrai, une certaine fierté de cet art, seul à nous offrir la possibilité de nous distinguer des autres civilisations que nous connaissons et qui nous surpassent toutes ponctuellement sur l’un ou l’autre point de notre développement social, scientifique, spirituel ou artistique. Vous pouvez, quant à vous, retirer cette même fierté de votre art musical.

Il est singulier de constater les similitudes au niveau de l’art pictural préhistorique de nos deux cultures. Nos ancêtres ont longtemps vécu dans les grottes naturelles ou artificielles qui parsèment notre planète. L’art rupestre figuratif que l’on trouve, par exemple, dans les grottes de Lascaux ou d’Altamira, se retrouve ainsi transposé sur OUMMO à un niveau sensiblement plus élaboré du fait d’une meilleure connaissance des pigments et d’un stade évolutif plus avancé des OEMMII auteurs de ces oeuvres.

Nous avons déjà informé vos frères par le passé de l’existence sur OUMMO de musées dédiés à OYAGAA. Vos diversités écologiques, ethnologiques et artistiques nous ont conduit à édifier trois bâtiments distincts consacrés chacun à l’une de ces trois sphères et répartis dans trois colonies différentes. Nos frères et sœurs d’OUMMO connaissent les aspects les plus remarquables de votre belle planète, ainsi que les épisodes les plus marquants de votre histoire, passée comme actuelle, que nous ne cherchons pas à nuancer d’une quelconque condescendance paternaliste ou diplomatique envers vos peuples. Sachez ainsi que l’un de nos frères, qui communiqua avec vos frères d’Espagne voici près de quarante de vos années sous le nom de DAA 3, fils d’EYEA 502, s’implique activement dans le développement du musée dédié à la culture artistique d’OYAGAA dont il conçut lui-même l’architecture, inspirée du Colisée de Rome. Il continue d’œuvrer en faveur de la diffusion de votre culture sur OUMMO. J’ai moi-même assisté, dans ce musée, à la diffusion d’une de vos oeuvres liturgiques classiques enregistrée dans une église ou cathédrale. Cependant, la culture d’OYAGAA nous reste quelque peu hermétique en premier abord. Si vos arts musicaux, picturaux, sculpturaux et architecturaux sont maintenant correctement identifiés par nos frères et sœurs d’OUMMO, et appréciés d’une partie de notre population, votre littérature et vos mythes classiques ne sont réellement connus que d’un faible nombre de spécialistes. En revanche, la splendeur de votre nature sauvage et l’exubérance de couleurs qui se retrouve au sein de votre flore et de votre faune sont unanimement reconnues sur OUMMO et font d’OYAGAA un joyau qu’il est de notre devoir moral de préserver. Nous en sommes sans aucun doute plus conscients que beaucoup de vos propres frères, aveuglés par une cupidité aussi futile que dévastatrice.

Nous ne pouvons vous protéger de vos erreurs volontaires, mais nous voulons entraîner progressivement chez vos frères une prise de conscience de l’existence d’une identité planétaire commune, partagée entre tous vos peuples et incluant l’ensemble de votre écosystème. Il est de votre responsabilité d’OEMMII de maintenir et de faire évoluer ce réseau planétaire global pour en développer toutes les potentialités. Il est exact que nos OUAA (lois morales) nous interdisent d’interférer directement avec toute civilisation étrangère. Nos OUAA nous obligent cependant à protéger la vie sous toutes ses formes. L’état d’urgence dans lequel se trouve votre planète nous contraint ainsi à intervenir indirectement au sein même de votre réseau social pour tenter de minimiser les effets catastrophiques auxquels pourraient aboutir les décisions fort souvent irrationnelles de vos dirigeants.

Les instances militaires de vos nations principales connaissent la réalité de la présence extraterrestre sur votre planète. Ils ont constamment la preuve de la futilité de toute tentative de répression envers nos véhicules spatiaux ou atmosphériques dont nous avons volontairement abaissé le seuil de furtivité. Certaines actions spectaculaires ont été menées pour les convaincre que notre volonté n’est pas de nuire bien que notre capacité coercitive pourrait être redoutable. Des actions d’assistance ou de prévention sont ponctuellement menées lorsque nous les jugeons nécessaires et si leurs effets ne portent pas préjudice à votre réseau social. La catastrophe survenue à Chernobyl fut un événement majeur de votre histoire, résultat d’une succession de négligences et d’erreurs involontaires. Nous voulons ici témoigner de notre respect pour vos frères présents sur place au cours des longues heures harassantes durant lesquelles leur abnégation et leur dévouement furent remarquables.

J’espère avoir répondu de façon non ambiguë à votre premier ensemble de questions. Vous trouverez en annexe au verso un complément concernant les anthropoïdes IEGOOSSAA d’OUMMO, objets d’une autre de vos questions.

Je vous prie de considérer, Monsieur Jean-François Dupouy, le caractère particulier de cette correspondance. Aucun élément objectif ne valide l’identité ou l’origine implicite de son auteur. Considérez simplement que des réponses ont été apportées à vos questions et que leur auteur espère avoir satisfait votre curiosité légitime. Veuillez accepter l’expression de mon respect sincère exprimé, suivant la coutume en vigueur sur OUMMO, en posant symboliquement ma main contre votre poitrine.


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ANNEXE: COMPLÉMENT SUR LES ANIMAUX ANTHROPOIDES D’OUMMO

Votre intérêt pour notre civilisation d’OUMMO nous honore et c’est avec plaisir que je répondrai à vos interrogations concernant l’espèce animale IEGOOSSAA.

Ces animaux cavernicoles sont des anthropoïdes omnivores, essentiellement friands de fruits, d’insectes et de poissons, que vous pouvez comparer à de grands chimpanzés munis d’une épaisse pilosité blanche ou faiblement dorée. Cependant, contrairement à ces primates terrestres, les IEGOOSSAA sont totalement bipèdes et présentent une forte différenciation de conformation entre les mains et les pieds. Ces derniers n’ont aucune fonction préhensile bien que les orteils soient plus développés que ceux, vestigiaux, des OEMMII. Les IEGOOSSAA diffèrent des autres espèces anthropoïdes d’OUMMO par leur plus grande taille et une intelligence plus aiguë. Il existe chez eux un langage de communication complexe combinant les mimiques corporelles ou faciales et les cris modulés. Ils sont organisés en groupes fortement hiérarchisés desquels ils ne s’éloignent qu’aux périodes de reproduction. Après l’accouplement, tous réintègrent la cellule originale au sein de laquelle les femelles donneront le jour à leurs nouveau nés qui viendront agrandir le groupe. Les luttes territoriales sont fréquentes entre les différents groupes et dégénèrent invariablement en combats meurtriers auxquels seuls les grands mâles adultes participent, fortement encouragés par les cris et l’agitation des femelles et des jeunes. La mort de l’un des mâles dominants marque invariablement l’issue du combat et le groupe vaincu est sauvagement chassé. Les individus ayant trouvé la mort lors du combat sont pris en charge par les femelles du groupe victorieux et soumis à une cérémonie funéraire rituelle au cours de laquelle ils sont recouverts de feuilles et de branchages, sans distinction du clan d’origine.

Les IEGOOSSAA vivent dans la partie supérieure de notre colonie WOAROO qui est constituée en réserve naturelle. Nous n’entretenons de relations qu’avec les groupes frontaliers. Nous échangeons volontairement avec eux des denrées comestibles contre de petits galets polis de diverses couleurs qui servent principalement à notre art paysager. Nous les utilisons par exemple pour composer des fresques, dessiner des chemins ou orner le lit des pièces d’eau et ruisseaux que nous créons afin d’agrémenter nos jardins familiaux et nos parcs collectifs. Ce troc évite les velléités d’expansion territoriale des familles frontalières vers les zones attribuées aux OEMMII et permet d’entretenir une relation paisible entre nos deux peuplades,

Nous distinguons parmi les IEGOOSSAA les AAGA IEGOOSSAA qui sont issus d’un groupe sélectionné au début de notre troisième âge et chez lesquels nous essayons d’impulser une évolution dirigée en appariant les individus qui nous semblent les plus prometteurs, espérant un jour activer chez eux la fonction OEMBOUAW – liaison à l’âme que nous avons déjà définie dans nos lettres par le passé – et les faire ainsi accéder au stade d’OEMMII conscients.

Le terme AAGA désigne, dans son acceptation générale, une restriction de la liberté de mouvement par un contrôle constant. Nous pourrions en rendre la traduction par : sous vigilance constante. Dans le cas des AAGA IEGOOSSAA l’acceptation la plus proche du terme AAGA dans votre langue serait : domestiqué.

Les IEGOOSSAA et les OEMMII d’OUMMO sont issus d’un même phylum et nous partageons bien entendu avec eux bien plus de gènes communs qu’il peut en exister entre vous et nous. Toutes les expériences autrefois tentées en laboratoire pour obtenir un croisement entre AAGA IEGOOSSAA et OEMII ont seulement abouti à créer des hybrides monstrueux, décérébrés ou non viables. De fortes différences au niveau de la composition de la chromatine cellulaire rendent absolument inenvisageables des croisements d’espèces animales ou végétales entre OYAOUMMO et OYAGAA sans utilisation de moyens biotechnologiques avancés.

Les AAGA IEGOOSSAA sont aujourd’hui entièrement domestiqués. Ils vivent pacifiquement en famille dans des IGOYAABII (grottes ou cavernes) spécialement aménagés à leur attention à l’intérieur de l’enceinte boisée des centres universitaires où l’on étudie leur comportement. Ils jouissent d’une liberté relative et sont parfois employés à des tâches sociales pour lesquelles ils sont mieux adaptés que l’OEMII, comme la récolte des fruits ou le transport de charges lourdes sur des terrains difficilement accessibles. Ils sont en réalité totalement intégrés dans notre réseau social et un fort sentiment d’affection réciproque nous lie à eux. Ils comprennent les mots principaux de notre langage oral et s’expriment graphiquement entre eux et avec les OEMMII en désignant du doigt une séquence ordonnée de symboles disposés dans un jeu de 38 idéogrammes colorés de base inscrits sur un tablier ventral qui constitue en quelque sorte un clavier vestimentaire.

Nous aboutissons cependant à un fort constat d’échec en comparant l’évolution sur plus d’un millénaire terrestre des AAGA IEGOOSSAA et des IEGOOSSAA en liberté. Malgré un niveau d’intelligence indéniablement moindre, les derniers intègrent plus fortement les notions de réseau social et de solidarité que les premiers qui développent parfois des syndromes dépressifs ou des comportements asociaux les amenant à rejeter leurs semblables. Cela nous porte à prédire que la liaison OEMBOUAW le W se prononce ici comme le OU court du mot « oui » adviendra prioritairement chez les IEGOOSSAA laissés à l’état sauvage. Il n’est cependant pas envisageable de réintégrer les AAGA IEGOOSSAA dans leur milieu naturel originel car ils seraient incapables de soutenir durablement les agressions de leurs frères sauvages et périraient inévitablement en quelques générations.

L’étude comportementale comparée des deux populations durant cette large période temporelle est d’un intérêt inestimable pour comprendre l’émergence des facteurs pré humains chez l’animal. Elle nous donne également la conviction profonde que l’évolution dirigée d’une population humaine ou proto humaine n’est souhaitable que dans certaines situations limites et dans tous les cas sur une période de temps très restreinte. Toutefois, des interactions mineures avec une telle population peuvent induire chez elle l’émergence de phases sociales souhaitables et le déclin d’autres phases qui s’avéreraient préjudiciables au réseau social dans son ensemble.

Les travaux documentaires sur les chimpanzés effectués par votre sœur Jane Goodall sont très éclairants pour vous imprégner de l’importance de l’étude des similitudes et des différences comportementales entre l’homme et les autres primates évolués. Ces documentaires mettent en évidence l’importance à la fois de la notion de réseau social et du rôle de chaque individu/nœud au sein d’un tel réseau. Vous devez vous rappeler à tout instant que l’homme est un être social dont le rôle, mué dans son cas en responsabilité, est non seulement de maintenir la stabilité de son propre réseau social mais aussi d’engendrer la néguentropie au sein de ce réseau et de l’écologie planétaire. Il s’agit ici d’une loi morale fondamentale.


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ORIGINE ASTRONOMIQUE DE NOTRE COMPUT TEMPOREL

Notre manière d’évaluer les grandes périodes est différente de la vôtre et celle ci s’est maintenue tout au long de notre histoire, ayant son origine dans une très ancienne mesure astronomique. Nous définissons parfois, à tort, le XEE (« année » d’OUMMO) comme le tiers de la période de révolution de notre OYAA OUMMO autour de notre soleil IOUMMA. La valeur du XEE est de 77,3 jours terrestres.

IOUMMA est une étoile dont de masse égale à 1,48.1030 kilogrammes. Son spectre lumineux est décalé vers le rouge en comparaison à votre Soleil avec des indices photométriques U-B et B-V égaux à 1,15 selon votre système de référence.

OUMMO gravite autour d’IOUMMA sur une trajectoire quasi circulaire d’excentricité 0,0078. La distance moyenne OUMMO – IOUMMA est de 9,96.1010 mètres. Un autre OYAA de taille importante, NAWEE, gravite autour d’IOUMMA sur une trajectoire elliptique d’excentricité 0,026, à une distance moyenne de 5,97.1010 mètres.

Les anciens astronomes utilisaient comme références les deux astres IOUMMA et NAWEE, ce dernier étant bien visible conjointement à IOUMMA au crépuscule et à l’aube. Les astronomes observaient les passages en conjonction supérieure de NAWEE en alignement avec IOUMMA, ce qui se produit en moyenne tous les 2,571 XEE, soit 0,866 du temps de révolution sidérale d’OUMMO. Lors de chaque conjonction, ils notaient une variation verticale importante de la positon de NAWEE par rapport au disque d’IOUMMA (voir figure 1), l’oscillation se réinitialisant chaque XEEOUMMO – dix-huit XEE – lorsque NAWEE avait accompli treize révolutions complètes et OUMMO six révolutions (figure 2). Les cosmologues, ignorant que le plan de l’écliptique d’OUMMO possédait une orientation distincte de celle de NAWEE, en conclurent que la trajectoire d’OUMMO était bi hélicoïdale et qu’OUMMO décrivait trois translations descendantes et trois autres montantes, sur la surface fictive d’un cylindre, pour compléter un XEEOUMMO (figure 3).

Le XEE peut donc se définir comme le tiers de la période de révolution d’OUMMO. Il existe cependant une erreur minime dans cette définition car les anciens cosmologues d’OUMMO vouaient majoritairement un culte au nombre π. Ils voulurent absolument faire correspondre la valeur du XEE à la fraction 2/(2+π) du temps de révolution synodique de NAWEE en acceptant une dérive de six OUIW (18,55 minutes) chaque XEE. La dérive cumulée atteint ainsi un jour d’OUMMO tous les 100 XEE et un XEE tous les 6000 XEE. Les adeptes du culte de NAWEE, indignés de cette offense faite à la rigueur objective, promulguèrent aussitôt un édit eschatologique annonçant la fin des temps au bout d’un cycle de 6000 XEE si l’erreur n’était pas rectifiée. Le monarque de l’époque trancha en faveur de la majorité. L’erreur fut ignorée et se perpétue encore de nos jours. Quelques projets furent proposés par le passé pour influer sur l’orbite d’OUMMO afin d’annuler la dérive, mais les différents OUMMOAELEWEE auxquels ils furent soumis les refusèrent systématiquement.

Hormis ces considérations concernant les XEE, une autre dérive existe dans la définition du XI (jour d’OUMMO) qui correspond en pratique à 600 OUIW. La valeur réelle atteint toutefois 600,0117 OUIW. Cette approximation sur la valeur du XI implique logiquement un décalage progressif de l’horaire du lever d’IOUMMA en un point fixe donné de l’équateur d’OUMMO. Lorsque I’OUIW fut introduit durant l’essor scientifique que connut notre peuple au cours de sa seconde ère historique, la valeur officielle du XI fut redéfinie et une tentative de réajustement calendaire eut lieu pour lui conférer une meilleure corrélation avec la réalité astronomique Un OUIW fut ajouté au comput temporel chaque 84 XI, à l’exception d’une fois tous les 84 XEE. Cette méthode fut rapidement abandonnée car jugée inutilement complexe. Nous n’avons pas, sur OUMMO, l’impératif d’un calcul calendaire précis pour savoir à quel moment effectuer l’ensemencement de nos cultures en fonction des conditions climatiques à venir. Les conditions climatiques sont sur OUMMO, entièrement dépendantes de la latitude, et en aucune façon du positionnement physique d’OUMMO sur son chemin orbital.

Nous joignons à cette lettre la traduction française de la réponse que nous avons donnée récemment à l’un de vos jeunes frères de Freie Hansestadt Bremen qui s’interrogeait sur l’existence d’années bissextiles sur OUMMO. La présente lettre représente un complément à cette réponse dont elle reprend quelques passages.


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ANNEXE: PRECISIONS CONCERNANT NOTRE SYSTEME CALENDAIRE

Je conçois que cela vous paraîtra curieux, mais il n’existe pas de mot spécifique dans notre langage pour désigner le temps de révolution d’OUMMO autour de notre soleil IOUMMA. Ce temps ne constitue pas pour nous une référence et le mot « année » n’a pas d’équivalent strict dans notre langage. Nous utilisons, pour mentionner dans son contexte la période de révolution d’OUMMO, le terme SAAXEE.

Notre notion du jour est par contre identique à la vôtre. Le temps de rotation d’OUMMO sur son axe est exactement de 600,0117 OUIW. Un OUIW, notre unité de mesure du temps, équivaut à 185,527 secondes terrestres. Notre décompte officiel du temps considère cependant qu’un nycthémère (XI) compte exactement 600 OUIW.

Nous utilisons le terme XEE (prononcez xéè) pour référencer nos périodes calendaires. Un XEE correspond à exactement 60 XI. Il serait incorrect de traduire ce terme par un simple mot de votre langue. Il correspond fonctionnellement au terme « année » employé chez vous mais n’en possède pas la même signification astronomique. Le XEE fut déterminé par nos anciens astronomes comme étant la fraction 2/(2+π) de la période synodique moyenne entre deux passages de NAWEE en conjonction supérieure sur un même axe vertical passant par le centre du disque d’IOUMMA. NAWEE est un astre que vous qualifiez de « géante gazeuse » dont la taille est environ moitié moindre que celle de votre planète Saturne, NAWEE gravite autour d’IOUMMA sur une orbite plus rapprochée que celle d’OUMMO. Il est bien visible dans notre ciel aux moments du lever et du coucher d’IOUMMA. Son atmosphère, extrêmement chaude, est animée de forts courants convectifs et agitée en permanence de violents orages qui provoquent d’incessantes scintillations et lui confèrent une luminosité propre, complémentaire à la lumière reflétée d’IOUMMA. Son mouvement apparent fut observé depuis l’antiquité, NAWEE étant au centre des cultes préhistoriques et des légendes primitives que l’on peut encore déchiffrer actuellement sur les stèles mégalithiques gravées aux débuts de l’utilisation de l’écriture.

Caractéristiques de NAWEE

Rayon équatorial :

6,22.107 m

Masse :

9,91.1025 kg

Distance moyenne à IOUMMA :

5,97.1010 m

Excentricité orbitale :

0,026

Inclinaison de l’orbite par rapport à OUMMO :

1,53°


Durant six cycles orbitaux d’OUMMO, sept conjonctions synodiques supérieures de NAWEE sont observables. Nos anciens astronomes se basaient sur le parcours apparent de cet astre par rapport à IOUMMA pour définir un calendrier. Toutefois, du fait des excentricités orbitales de NAWEE et d’OUMMO, le temps séparant deux conjonctions n’est pas constant. Il faut attendre dix-huit XEE – un XEEOUMMO – pour observer un cycle astronomique complet entre NAWEE et OUMMO. Le XEE fut donc défini comme étant la dix huitième partie de ce cycle apparent qui équivaut précisément à 1079,979 périodes de rotation d’OUMMO (1391,22 jours terrestres). La valeur du XEE fut délibérément fixée à exactement 60 anciens XI. Bien que la valeur du XI ait été réajustée par la suite, la définition du XEE reste identique. Un XEE équivaut donc à 36.000 OUIW (111316,36 minutes ou 77,303 jours terrestres). La période de révolution sidérale d’OUMMO, qui équivaut à environ 229,5 jours terrestres, est très sensiblement inférieure à trois XEE.

Les approximations faites sur les valeurs du XI et du XEE entraînent, comme chez vous, un décalage par rapport aux référentiels astronomiques. L’approximation sur la valeur du XI implique logiquement un décalage progressif de l’horaire du lever de notre astre solaire en un point fixe donné de l’équateur d’OUMMO. Lorsque l’OUIW fut introduit durant l’essor scientifique que connut notre peuple au cours de sa deuxième ère historique, la valeur officielle du XI fut redéfinie et une tentative de réajustement calendaire eut lieu pour lui conférer une meilleure corrélation avec la réalité astronomique. Un OUIW fut ajouté au comput temporel chaque 84 XI, à l’exception d’une fois tous les 84 XEE. Cette méthode fut rapidement abandonnée car jugée inutilement complexe par le peuple. Nous n’avons pas, sur OUMMO, l’impératif d’un calcul calendaire précis pour savoir à quel moment effectuer l’ensemencement de nos cultures en fonction des conditions climatiques à venir. Les conditions climatiques sont entièrement dépendantes de la latitude, et en aucune façon du positionnement physique d’OUMMO sur son chemin orbital.

Pour l’anecdote nous pouvons vous confier que les chroniques qui font état de la création de notre calendrier, en l’an 0 de notre première ère, indiquent qu’une querelle eut lieu qui opposa les astronomes, adeptes d’un culte basé sur les mathématiques sacrées, et les théologiens du culte de NAWEE lors de l’établissement du XEE. Ces derniers, extrêmement rigoristes, n’acceptèrent pas l’approximation faite par les astronomes royaux pour des raisons théologiques autour de la constante π, associée alors à l’expression la plus pure de la divinité. Ils déclarèrent que l’humanité d’OUMMO périrait lorsque le décalage entre la véritable période synodique de NAWEE et le XEE officiel atteindrait un XEE au compte de 6000 XEE. Le monarque qui régnait à cette époque rejeta vivement cette imprécation. Il fit dénuder et fustiger publiquement les prêtres de NAWEE qui en étaient à l’origine. Le culte disparut progressivement par la suite. Nous pouvons établir un parallèle indicatif entre l’évolution de nos deux cultures en liant cet évènement sur OUMMO avec celui de l’établissement de votre calendrier grégorien. Le début de notre première ère correspond assez précisément aux développements sociaux et technologiques observés en Europe lors de la Renaissance